Jusqu'où?

Avoir le choix de tout, ce qu'on mange, qui on fréquente, qui on baise, ce qu'on lit, tout... et pourtant revenir parfois avec entêtement .
Je ne foulerai pas le désert cette année, le Névada se passera de moi , et je ne le verrai pas brûler. L'an prochain avec un peu de chance et d'argent..

La solitaire a envie de folie. J'ai ce besoin incessant de pimenter la vie. L'épice, Dune en est témoin, elle est le fluide, l'essence et le moteur.
J'ai arpenté les rues et ruelles parisiennes ce soir, à la recherche de l'aromate.
En vain.
Dans ce bar du dix-huitième, les gens parlent. Je n'écoute pas leurs conversations, cela ne m'intéresse pas de toute façon. Ont ils seulement quelque chose à dire à part parler de la chaleur étouffante? Les mots météo, encore, et je pense à ma mère. Non, cela ne m'intéresse vraiment pas.

Là un homme qui drague, au loin, je le sais par les ondes qu'il émet, la gestuelle parle pour lui, ses yeux, et elle est réceptive, tripote ses cheveux, dodeline la tête.
Tout est transparent. Tout.

Comment connaître autant ses semblables et ne pas s'intégrer? Question de volonté sans doute, de rêve.
Semblable. En apparence. Mes chevilles? à part la droite un peu pourrie, ça va. Je suis juste réaliste. Mon expérience fait foi. Je ne cherche pas à tout prix à me sentir différente. C'est là, imposé, tangible, et les semblables le pensent aussi.

Je commande un second ricard. Le barman fait semblant de ne pas comprendre mon geste, je suis à deux mètres. Ma voix porte. La serveuse arrive "tu ne t'emmerdes pas toi?!"
Non.
Si.
Parfois.
Ce soir par exemple.
Mais je ne vais pas me soûler. La semaine a été longue. Hier la nuit a été longue.

J'avais envie de baiser cette semaine. Une de ces envies qui vous font appeler, incité par l'instinct, le besoin de chair. La nécessité d'être contenue, maintenue, domptée, prise, étreinte et j'en passe.
Sentir une queue, des doigts, un empressement. Mais le fauve a besoin de l'aval féminin, et le regard est important. Les ondes sont importantes. Alors rien. Du vent. Un grand coup de Mistral. Et il rend fou. Me rend folle.

"Car aussi longtemps que la pluie voudra tomber sur moi Je serai loin et le vent n'emportera plus rien.
Jusqu'à la fin de la fin.
Jusqu'à la fin de la fin."

saoule, soûlée

Allez savoir...
Je dois me sentir trop seule pour être soûle de la sorte. Dans cet état, lamentable, et je ne pense pas au goût anisé que doit avoir mon sang.
Inconsciente jusqu'au bout, le fauve a garé le scoot', instinct de survie sans doute.
La femme fait ce qu'elle peut pour le contenir.
Un stop bien senti sur la route, et de quoi fumer et m'embrumer l'esprit, grâce à mes larmes sûrement, et à mon visage d'ange.
Pour une fois.
Deux fois la même année, c'est bon, j'arrête.
Il est vexé.
Il ne devrait pas, il fait tout pour arriver à ses fins.
Il est tel, une douleur itérative.
Le fauve a montré les crocs, la femme un peu gueulé, je voulais le gifler, une bonne gifle claquante, mordante.
Agressive?
Maintenant oui. Pas avant. Je n'avais été que bienveillance. C'est terminé.
Un ami m'appelle "bibishka", il a raison





Votre prénom :  Bibishka

Qualité 
"Le découragement ? L'apathie ? Connais pas !" Voilà bien ce que Bibishka peut dire à tout le monde à tout moment, en toute sincérité et en toute vérité. Le jour où on le verra se retirer dans sa coquille et bouder la vie, on pourra croire que la fin du monde est proche.

Car Bibishka est un superbe enthousiaste que rien n'arrive à abattre et dont l'ardeur est toujours renouvelée. Les vicissitudes de la vie ont très peu d'emprise sur son moral ; s'il tombe, il se relève le plus vite possible et reprend sa marche comme si rien n'était arrivé. Son énergie est presque inépuisable, et ses pouvoirs de récupération pour ainsi dire illimités. Il semble bien qu'il existe en lui une divinité qui le remplit d'entrain.


Défaut 
Un des dangers qui menacent le bonheur de Bibishka est le décalage entre ses fantasmes et la réalité. En effet, Bibishka souffre souvent de désillusion — mais cela ne veut nullement dire qu'il a l'habitude de se démonter. Ou bien il croit à ses propres rêves et agit comme s'ils étaient déjà la réalité, ou bien il se laisse écraser par la réalité qu'il ne saurait nier. Prenons un exemple : Les Bibishka sont souvent des prodigues. Ils ne savent pas et ne veulent pas faire des économies. Entraînés par leur idée totalement gratuite que les cailles doivent leur tomber toutes rôties dans le bec, ils n'hésitent pas à dépenser sans compter et risquent par conséquent de se retrouver dans une situation financière délicate.







bon sang

Encore une salle d'attente.
Les moutons doivent être patient(s) leur vie durant.
Analyse de sang pour vérifier et il faut vérifier.
Possibilité d'être en danger.
Drogues, tatouages, exposition aux risques etc etc Date du premier rapport? consentant ou non?
Ah vous comprenez mieux maintenant docteur, mais je me fous de votre regard compatissant.
Semaine d'après, les résultats s'annoncent et ma peur est collante.
Le jeune homme devant moi a perdu, il sort de la salle les yeux rougis, bouffis, et ma glue enfle encore.
Assise sur cette chaise froide, j'attends donc.
Le sourire de la femme m'apaise. Je sors, la glue est restée dans la pièce derrière moi.

Alors recommencent les jeux, les scénarii.
Un me reste en tête. Boulevard saint germain. Une laisse, un martinet, des yeux qui savent ce qu'ils veulent, et moi, me donnant tel l'agneau.
Alors l'agneau joue, feint, c'est un déguisement, le félin ne dort pas, il guette, il apprend. Pas de jouissance ce soir là, et pourtant il fait tout pour me perdre.
Débordant d'attention pour mon cul. Et je me cambre bien.
Le jeu était amusant mais je file vite. Une sorte de récréation post Allemagne.

Le mois de juillet est placé sous le signe du déguisement. Il plait ou non, attire ou attise. Je me joue des curieux.
La chaleur est venue, finalement, et le fauve est en liberté totale.
Les soirées, la danse, le chant, les hommes, les souffles, c'est une orgie bruyante, attrayante, et l'eau, toujours l'eau qui m'appelle, m'évade.
Puis un retour, pas de bâton.
Rien ne me perturbe, pas même ces hommes ou ces femmes ridiculement transparents. Ils se prennent pour des prédateurs, mais le prédateur est celui qui surprend, seule façon d'atteindre sa proie.
Si facile de deviner les pensées, les paroles, les actions!
Tout est visible, gerbant, toutes ces ondes qui me percutent.
Je ne suis au final captivée que par le mystère.
Il se fait rare.

En ce dimanche étouffant, mais tant attendu, le fauve veut le calme, le répis, la fatigue est présente mais la femme ne la laisse pas s'exprimer.
Hier la danse, la décadence, une rencontre avec la nature: mon arbre syphilitique. Belle verdure, être bien vivant. Je ne scie pas la branche, au contraire, lui donne un peu d'eau à boire, de quoi me faire aimer. Si facile de se faire apprécier...

Je vaque à mon repos tant mérité. Je me coupe des sites, je me coupe du cul, pour un moment, le temps d'une respiration.
Je me rappelle un peu de mes sentiments. Alors, en début de soirée, quand la canicule se fait moindre, le fauve tend une oreille, je l'entends au loin, il s'agite. J'aimerais pouvoir hurler, et appeler une meute, mais je ne suis qu'une mi-femme mi-fauve et pas de meute à l'horizon.
Que les coups de sang dans mon coeur qui frappent et frappent encore, dans un ronron familier et hypnotique.